La plupart des études portant sur les origines de la Seconde guerre d’Indochine reviennent inlassablement sur le même événement : peu après le cessez-le-feu de Genève de 1954, un million de paysans catholiques auraient quitté le Nord pour rejoindre le Sud et mis en valeur les campagnes vietnamiennes en créant plus de 300 nouveaux villages le long de la côte, dans les marécages du delta du Mékong ou sur les hauts plateaux du centre. Les récits abordant cet événements reflètent la polarisation des histoires de la guerre du Vietnam. D’un côté, les critiques dénoncent la manipulation de paysans crédules qui auraient été manipulés par Saigon, Washington et leur propagande. De l’autre, les récit apologétiques de la République du Vietnam représentent les réfugiés comme des citoyens modèles du « monde libre ». Mais en dépit de cette obsession pour ce transfert de population et la très grande disparité d’interprétation de cet événement, plusieurs aspects demeurent encore méconnus. Combien de personnes ont-elles rejoint le Sud dans la période de regroupement ? Pourquoi ce déplacement de population a-t-il très vite été significatif du succès ou de l’échec de la République du Vietnam ?